Friday, December 30, 2011

Parachat Vayigach (français)

Il y a dans la parachah de la semaine – Parachat Vayigach – un moment de vraie catharsis. Depuis plusieurs sidrot et de nombres chapitres du livre de la Genèse, nous avons suivi l’histoire détaillée de Joseph. Nous avons lu des passage concernent ses rêves, la trahison de ses frères, sa mise en esclavage, l’accusation injuste de la part de la femme du Putiphar, l’emprisonnement que s’en est suivi et l’ascension de Joseph et, finalement, nous sommes revenue au point de départ – le drame avec ses frères.

Après toute ces épreuves que Joseph a subies, ses frères, les fils de Jacob, qui ont besoin de son aide pour survivre, viennent dans sa maison – sans savoir que Joseph est Joseph.

Joseph, qui est encore et toujours le fils de Jacob, se joue d'eux. Il est alors écrit dans la Torah :

(Genèse 45 :3-5, 14-15)

3Joseph dit à ses frères: Je suis Joseph! Mon père vit-il encore? Mais ses frères ne purent lui répondre, car ils étaient troublés en sa présence.

4Joseph dit à ses frères: Approchez-vous de moi. Et ils s'approchèrent. Il dit: Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour être mené en Égypte.

5Maintenant, ne vous affligez pas, et ne soyez pas fâchés de m'avoir vendu pour être conduit ici, car c'est pour vous sauver la vie que Dieu m'a envoyé devant vous.

Et la Torah poursuit:

14Il se jeta au cou de Benjamin, son frère, et pleura; et Benjamin pleura sur son cou.

15Il embrassa aussi tous ses frères, en pleurant. Après quoi, ses frères s'entretinrent avec lui.

Après tout le drame, après toute la douleur, c’est un moment de réel catharsis. Mais je crois aussi que pour nous , ce n ‘est pas une grande surprise. Après tout, Joseph est le héros de l’histoire, peut-être le premier héros classique dans la torah. Donc quand lui et ses frères s’embrassent, il s'agit d'une réconciliation, tel que celle que nous attendons du héros. Mais cela est-t-il aussi simple ?

Lorsqu’on considère les évènements qui ont mené à cette scène, peut-on penser que la réaction de Joseph était celle qu'on attendait de lui ? Celle d’un homme, alors que ses frères ont conspiré contre lui, ils l’ont battu et l’ont vendu en esclavage ? Je ne suis pas sûr que je pourrais aussi facilement pardonner et me réconcilier avec mes frères.

Comme toujours l’histoire est plus compliquée. Ce n’était pas sans raison que les frères ont agi comme ils ont agi. Joseph, le frère, le presque plus jeune des fils d’Israël, est venu un jour et a dit à ses frères « Regardez. Mon manteau prouve que notre père m’aime plus que vous. Et un jour, vous vous prosternerez devant moi. » Peut-être leur réaction à l’égard de Joseph était excessive, mais je crois qu’on peut comprendre les émotions des frères et même leur douleur.

En fait, si nous nous mettons à place de Joseph et de ses frères, une réconciliation n’est pas évidente.

Il y a eu pardon de part et d’autre. La réconciliation – c’est à dire le processus de t’chuva – est toujours compliqué parce que dans la vraie vie nous sommes les héros de nos histoires – dans notre imagination nous sommes souvent le Joseph de nos histoires et rarement ses frères-- et il nous est difficile d’admettre être l’agresseur et non la victime. Néanmoins il y a eu réconciliation. C'est pourquoi je peux me demander : est-ce que j’attends de moi-même ce que j'attends de Joseph ? Est-ce que j’attends de moi-même ce que j’attends des frères de Joseph?

Un de mes professeurs a dit, et c’était une leçon d’humilité, « Pour chaque personne que j’ai en thérapie, deux sont en thérapie à cause de moi. »

Une dernière pensée pour conclure ces réflexions :

Parachat Vayigach est la premiere parachah après la fête du Hanoukka. Bien que le symbole principal de Hanoukka pour les rabbins est le miracle de l’huile, aujourd’hui, en particulier en Israël après la fondation de l’état moderne, le symbole principal est devenu la lutte – même la guerre (– afin de surmonter nos obstacles et nos adversités). Et si aujourd’hui nous lisons un texte concernent le pardon et la réconciliation, je ne crois pas ce soit par hasard.

Tout comme l’histoire de Joseph n’est pas complète sans sa réconciliation avec sa famille, de même l’histoire de Hanoukka n’est pas encore complète. Après avoir lutté, nous nous devons célébrer nos victoires. Mais après les guerres entre nous et nos voisins, entre nous et la société, entre nous et nos familles, entre nous et les nations, entre nous et nous mêmes – la célébration n‘est complète que si elle inclut le temps de la guérison -- la célébration est uniquement complète avec la réconciliation entre nous et nos voisins, entre nous et la société, entre nous et nos familles, entre nous et les nations, entre nous et nous mêmes.

Chabbat Chalom.