Il
existe une citation célèbre dans la Haftarah de cette semaine.
Le
Prophète Michée écrit :
« Il sera le juge d'un grand nombre de
peuples, l'arbitre de nations puissantes et lointaines. De leurs glaives, ils
forgeront des pioches, et de leurs lances, des serpes ; une nation ne tirera
plus l'épée contre une autre, et l'on n'apprendra plus la guerre. »
Cette
citation me semble particulièrement appropriée aujourd’hui parce que faire un
sermon le lendemain du Yom HaShoah est une vraie leçon d’humilité car un
message de paix est parfois tout ce que l’on peut trouver à offrir.
En
effet, il y a des moments où l’on pourrait très facilement penser:
« Que peut-on dire concernant un sujet
comme la Shoah ? »
On
pourrait même se demander :
« Ai-je le droit de dire quelque chose
concernant la Shoah? »
En
réalité, je ne suis pas sûr qu’il y ait de meilleure réponse que le silence, l’introspection,
et la promesse d’enseigner à nos enfants à ne jamais oublier ; souvenez-vous : « Plus jamais ça ! »
Néanmoins,
malgré le passé et les difficultés pour les Juifs dans le passé,
et
même encore aujourd’hui, malgré cela, il faut toujours se poser la question :
« Que pouvons- nous faire pour réaliser le
rêve et la vision du prophète Michée ? Est-ce encore possible ? »
Concernant
la réalisation d’une telle paix, il existe une piste dans les mots de Michée.
Ce n’est pas écrit :
« De
leurs épées, l’ ETERNEL forgera des pioches »
Non,
Michée dit plutôt : « ILS forgeront des pioches. »
Ce
« ILS », c’est « NOUS » ! Et c’est la différence radicale entre le Judaïsme
et beaucoup d’autres religions. Nous prions l’Éternel d’établir la paix tout en
sachant bien qu’il s’agit de notre responsabilité.
D’ailleurs,
il est écrit dans le Talmud que le Machiakh viendra le lendemain du jour où on
n’aura plus besoin de lui. Ainsi donc nous n’avons pas une religion qui attend
l’apocalypse, malgré le passé et toute notre histoire douloureuse. Non, de nos
épées, nous devons forger des pioches.
Bien
sûr, si la métaphore est puissante, elle reste difficile à concevoir car les
épées ne font plus partie de notre quotidien ; alors comment peut-on réaliser
cela aujourd’hui ?
Peut-être
est-ce plus simple qu’on ne le pense. Nos mots, nos actions, nos émotions
peuvent parfois devenir des épées. Dans nos vies, chaque jour, et même chaque
minute, nous créons soit la paix soit quelque chose d’autre. Chaque minute, ceux
qui nous entourent sont ou des sujets, c’est-à-dire que nous les considérons
sur un pied d’égalité, ou des objets.
Idéalement,
il faudrait toujours considérer l’Autre comme un sujet, comme un égal. Cette
vision semble évidente, mais en fait, cet idéal est difficile à appliquer dans
la réalité quotidienne.
Dans
l’office pour Yom HaShaoh, dans nos Siddurim, nous lisons :
« Puisse leur souvenir nous renforcer dans
notre lutte contre la tyrannie et la persécution, contre la cruauté et le
préjudice, contre l’exclusion et le rejet. »
Quel
meilleur moyen de réaliser le rêve de Michée et de lutter contre les forces de
la tyrannie que de le faire par
l’énergie et la paix que nous donnons chaque jour à l’Autre quand nous-même,
nous commençons de recycler nos épées.
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