Sunday, June 17, 2012

Parachat Shelakh (français)


Qu’est-ce qui est le plus puissant : la réalité ou notre perception de la réalité ? Je vais vous dévoiler la réponse, la conclusion du sermon avant même que je ne l’aie commencé : à mon avis, c’est notre perception de la réalité.

Permettez-moi une illustration bien concrète, très actuelle. Quand, à l’arrêt de l’Amondolier,  nous attendons le tram  pendant 5 minutes, c’est tout à fait différent que si nous l’attendons pendant 5 minutes à Rive ou au Molard ou à Bel-Air. Pourquoi ?

Simplement parce qu’à ces trois arrêts, par exemple, il a y un appareil électronique qui affiche exactement en temps réel le temps d’attente avant l’arrivée du prochain tram. Et ici, à l’Amandolier ? Rien. Il n’y pas cet appareil électronique.

Et ce n’est pas seulement la perception des Genevois avec leurs TPG. En effet, des recherches menées par d’autres sociétés de transports publics pour augmenter la satisfaction de leurs clients ont révélé que, quand il y avait ce type d’affichage
électronique du temps d’attente, la satisfaction des usagers était supérieure. Cinq minutes ne sont pas donc toujours cinq minutes. Ce sont nos perceptions qui créent la réalité.

Cet axiome existe aussi clairement dans la Torah. En effet, dans la parachah « Shelakh Lekhah» nous découvrons l’histoire des 12 espions envoyés par Moïse pour explorer le pays de Canaan. En lisant cette parachah, il est important de souvenir que tous les espions ont vu exactement la même réalité. Il est écrit :

(Nombres 13 : 17-20)
« Moïse les envoya donc pour explorer le pays de Canaan, et il leur dit: Montez ici par le Midi, et vous monterez sur la montagne, Et vous verrez le pays, comment il est, et le peuple qui y habite, s'il est fort ou faible, s'il est en petit ou en grand nombre; Et le pays où ce peuple habite, s'il est bon ou mauvais ; comment sont les villes dans lesquelles il habite, si ce sont de simples villages ou des forteresses; comment est la terre, si elle est grasse ou maigre; s'il y a des arbres ou non. Et ayez du courage, et rapportez des fruits de ce pays. C'était alors la saison des premiers raisins. »

Les espions ont fait exactement comme le commandait Moise, mais les perceptions entre les espions étaient différentes. Il est écrit en effet:

(Nombres 13 :26-28)

« Ils se présentèrent devant Moïse et Aaron, ainsi que devant toute la communauté, et leur montrèrent les fruits du pays. Ils firent donc leur rapport à Moïse, et racontèrent : Nous sommes allés dans le pays où tu nous avais envoyés; et vraiment c'est un pays où ruissellent le lait et le miel, et voici de ses fruits. Cependant le peuple qui habite dans ce pays est robuste, et les villes sont fortifiées et très grandes. »

Ensuite,  ils ont énuméré les peuples de Canaan qu’ils avaient vus, mais il faut souligner que jusqu’ici, nous n’avions pas entendu de perceptions négatives, juste un rapport assez objectif. Mais, directement après, il est écrit :

« Alors Caleb – un des espions - fit taire le peuple devant Moïse, et dit : « Montons-y, et emparons-nous-en ; car nous pouvons les vaincre. »

Mais les hommes qui étaient partis avec lui, dirent: « Nous ne pourrons pas marcher contre ce peuple, car il est plus fort que nous. »

Et, devant les enfants d'Israël,  ils décrièrent le pays qu'ils avaient exploré, en disant:

« Le pays que nous avons parcouru, est un pays qui dévore ses habitants, et tous ceux que nous y avons vus, sont des gens de haute stature. Et nous y avons vu les géants, enfants d'Anak, de la race des géants; et nous étions à nos propres yeux comme des sauterelles, et nous l'étions aussi à leurs yeux. »


Quand je travaillais dans le domaine du marketing, nous disions toujours : « Lorsqu’un client fait une expérience positive, il va le dire à 3 personnes. Lorsqu’un client fait une expérience négative, il va le dire à 10 personnes. » Selon la recherche en marketing, la différence entre une expérience positive et une expérience négative porte donc rarement sur la qualité objective d’un produit, mais plutôt sur l’enthousiasme du vendeur et sur la chaleur de l’accueil reçu par le client.

Cette question de perception est vraiment importante car nos perceptions ne sont pas isolées. Nous influons inévitablement sur notre entourage avec nos perceptions car souvent, nous pensons qu’elles sont la réalité, et même la seule réalité. Alors qu’en fait, elles peuvent ou encourager les autres ou, au contraire, les décourager.

Donc il n’y avait pas de géants en Canaan. Les autres espions l’ont dit parce qu’ils craignaient pour leur sécurité, parce qu’ils avaient peur. Mais quel en a été le résultat ?

Il est écrit :        (Nombres 14 :1-4)

« Alors toute l'assemblée éleva la voix, et se mit à pousser des cris, et le peuple passa cette nuit-là à pleurer. Et tous les enfants d'Israël murmurèrent contre Moïse et contre Aaron, et toute l'assemblée leur dit: « Que ne sommes-nous  morts dans le pays d'Égypte ou dans ce désert! Que ne sommes-nous morts ! Et pourquoi l'Éternel nous conduit-il vers ce pays, si c’est pour y tomber par l'épée? Nos femmes et nos jeunes enfants y seront une proie facile. Ne vaudrait-il pas mieux, pour nous, de retourner en Égypte? »

Souvent la leçon dans la Torah n’est pas aussi claire, mais ici, je pense que le principal message est évident. Suite à cette réaction, les Fils d’Israël ont dû rester 40 ans dans le désert. Oui 40 ans ! Mais pourquoi ? C’était bien sûr une punition, mais je pense plutôt que, malheureusement, c’était simplement nécessaire.

Pour tout le monde c’est souvent plus simple de rester dans le désert plutôt que de lutter ou de risquer de tout perdre simplement pour la promesse d’un pays de lait et de miel, c’est à dire, pour la promesse de dos vrais rêves. Pourtant, 40 ans plus tard, les descendants de cette génération l’ont réussi. Il n’était donc pas impossible de conquérir ce pays et, finalement, il n’y avait pas le moindre géant là-bas. Mais ces 40 ans ont été nécessaires car la perception était devenue plus forte que la réalité ; ces perceptions qui existaient au cause de la peur étaient devenues la réalité elle-même. Il faudrait donc attendre 40 ans pour que les personnes puissent concevoir une autre réalité.


Caleb et les autres espions auraient pu opter pour une autre solution. Elle aurait été plus difficile ( en effet, pour n’importe qui, elle serait plus difficile ) mais la génération qui avait vu tous les miracles après l’exode aurait pu utiliser son énergie positive et choisir ses perceptions positives pour encourager la communauté au lieu de la décourager.

Mais quand on est vraiment coincés dans ses propres perceptions, quand on en vient à confondre notre perception de réalité avec la réalité elle-même, sans question et sans exception, notre « réalité » devient réalité : nous pensons et agissons comme les compagnons de Caleb :

« Je ne peux pas. Il y a des géants là et je suis comme une sauterelle. » Mais ce n’est qu’une perception, et ce n’est pas la réalité elle-même. Nous possédons la puissance de notre créativité, nos familles, notre religion, nos traditions, nos communautés. A travers toutes ces éléments-là, nous avons le choix de percevoir autre chose, quelque chose totalement différent de la peur.

La question n’est pas « qu’est-ce que notre réalité », la question à se poser est « quelle est la réalité que nous désirons », et même « quelles sont les perceptions que nous sommes prêts à sacrifier pour surmonter notre peur et réaliser nos vrais rêves ? »

Saturday, April 21, 2012

Parachat Tazria-Metzora (français)



Il existe une citation célèbre dans la Haftarah de cette semaine.

Le Prophète Michée écrit :

« Il sera le juge d'un grand nombre de peuples, l'arbitre de nations puissantes et lointaines. De leurs glaives, ils forgeront des pioches, et de leurs lances, des serpes ; une nation ne tirera plus l'épée contre une autre, et l'on n'apprendra plus la guerre. »


Cette citation me semble particulièrement appropriée aujourd’hui parce que faire un sermon le lendemain du Yom HaShoah est une vraie leçon d’humilité car un message de paix est parfois tout ce que l’on peut trouver à offrir.


En effet, il y a des moments où l’on pourrait très facilement penser:

« Que peut-on dire concernant un sujet comme la Shoah ? »

On pourrait même se demander :

« Ai-je le droit de dire quelque chose concernant la Shoah? »

En réalité, je ne suis pas sûr qu’il y ait de meilleure réponse que le silence, l’introspection, et la promesse d’enseigner à nos enfants à ne jamais oublier ; souvenez-vous : « Plus jamais ça ! »

Néanmoins, malgré le passé et les difficultés pour les Juifs dans le passé,
et même encore aujourd’hui, malgré cela, il faut toujours se poser la question :

« Que pouvons- nous faire pour réaliser le rêve et la vision du prophète Michée ? Est-ce encore possible ? »

Concernant la réalisation d’une telle paix, il existe une piste dans les mots de Michée. Ce n’est pas écrit :

 « De leurs épées, l’ ETERNEL forgera des pioches »

Non, Michée dit plutôt : « ILS forgeront des pioches. »


Ce « ILS », c’est « NOUS » ! Et c’est la différence radicale entre le Judaïsme et beaucoup d’autres religions. Nous prions l’Éternel d’établir la paix tout en sachant bien qu’il s’agit de notre responsabilité.

D’ailleurs, il est écrit dans le Talmud que le Machiakh viendra le lendemain du jour où on n’aura plus besoin de lui. Ainsi donc nous n’avons pas une religion qui attend l’apocalypse, malgré le passé et toute notre histoire douloureuse. Non, de nos épées, nous devons forger des pioches.

Bien sûr, si la métaphore est puissante, elle reste difficile à concevoir car les épées ne font plus partie de notre quotidien ; alors comment peut-on réaliser cela aujourd’hui ?

Peut-être est-ce plus simple qu’on ne le pense. Nos mots, nos actions, nos émotions peuvent parfois devenir des épées. Dans nos vies, chaque jour, et même chaque minute, nous créons soit la paix soit quelque chose d’autre. Chaque minute, ceux qui nous entourent sont ou des sujets, c’est-à-dire que nous les considérons sur un pied d’égalité, ou des objets. 

Idéalement, il faudrait toujours considérer l’Autre comme un sujet, comme un égal. Cette vision semble évidente, mais en fait, cet idéal est difficile à appliquer dans la réalité quotidienne.

Dans l’office pour Yom HaShaoh, dans nos Siddurim, nous lisons :

« Puisse leur souvenir nous renforcer dans notre lutte contre la tyrannie et la persécution, contre la cruauté et le préjudice, contre l’exclusion et le rejet. »

Quel meilleur moyen de réaliser le rêve de Michée et de lutter contre les forces de la tyrannie que  de le faire par l’énergie et la paix que nous donnons chaque jour à l’Autre quand nous-même, nous commençons de recycler nos épées.

Monday, April 9, 2012

Friday, January 6, 2012

Parachat Vayehi (français)

L'année dernière, j’ai eu le grand plaisir de travailler avec une bat mitsvah singulière et intéressante. C’était dans une communauté libérale assez petite, et elle fut la seule élève bat mitsvah de l'année. Donc, quand nous nous rencontrions, nous avions beaucoup de temps pour discuter.

Nous avons toujours commencé les leçons avec une question, car j'avais institué les règles suivantes:

  1. « il faut toujours commencer avec une question » et
  2. « nous pouvons discuter de tout tant que cela, d'une façon ou d'une autre, a un lien avec le Judaïsme. »

Ainsi au début de notre premier rencontre elle a demandé : « Pourquoi les justes doiventils souffrir ? »

Ce n’était pas une boutade ni une tentative de se montrer rebelle. C’était simplement une jeune fille juive qui avait la possibilité de poser une question qui la préoccupait. Par ailleurs c’était une occasion pour aborder une question universelle. Afin de ne pas offrir une réponse superficielle, j’ai dû réfléchir. Engageant avec elle un dialogue, nous avons fait quelque chose . . . de juif.

Certes, la question « Pourquoi les justes souffrent-ils ? » représente pour nous une question réelle. Si nous, ou l'un de nos proches, ne sommes pas frappés en ce moment par un malheur, nous pouvons malheureusement nous rappeler que parfois nous avons éprouvé de la douleur ou de la détresse ou nous imaginer cet état. Et quand nous et nos proches souffrons – émotionnellement, spirituellement ou physiquement -- d’une certain façon nous nous demandons « Pourquoi les justes doivent souffrir ? »

Nous trouvons naturellement cette question dans le Tanakh. Par exemple le livre de Job entier est une tentative pour expliquer « pourquoi les justes doivent-ils endurer le mal ». Dans une certaine perspective c’est aussi un thème général de l’histoire de Joseph, notre héros actuel dans le Torah. Après toutes ces épreuves que Joseph a subies, on peut poser la question suivante: « pourquoi le mal frappe-t-il les justes? » Et Joseph lui-même même a essayé de répondre à cette question . . . deux fois. Dans la parachah de la semaine passée, Vayigach, comme dans la parachah cette semaine, Vayehi. Ainsi, après la mort de Jacob, les frères de Joseph qui avaient essayé de le tuer, soudain prennent peur. Ils pensent : il est naturel et humain de vouloir se venger. Alors pour se protéger, ils mentent à Joseph et disent :

(Gen 50 :16, 17, 19, 20) Ton père a commandé avant sa mort ce qui suit : 17 « Parlez ainsi à Joseph : “Pardonne, de grâce, l’offense de tes frères et leur faute, et le mal qu’ils t’ont fait. Maintenant donc, pardonne leur faute aux serviteurs du Dieu de ton père ” » . . . 19 (en pleurant) Joseph leur répondit : « Soyez sans crainte ; car suis-je à la place de Dieu ? 20 Vous, vous aviez médité contre moi le mal : Dieu l’a combiné pour le bien, afin que s’accomplisse ce qui arrive aujourd’hui, qu’un peuple nombreux soit sauvé.

« Dieu l’a combiné pour le bien. » C’est une réponse assez bonne. Il est naturel et humain de vouloir se venger mais, au lieu de se venger, Joseph répond avec sagesse et exprime son pardon. Mais attention : la réponse de Joseph est-elle la réponse universelle pour la question relative à la souffrance ? Est-ce que c’est une réponse . . . juive ?

Lorsqu'une question nous est posée, la tendance humaine est de chercher une réponse, même simpliste. C’est clair et c’est simple. Nous demandons « Pourquoi les justes doiventils souffrir? » et soudain nous avons une réponse éclairante, convaincante et réconfortante pour calmer nos inquiétudes. « Dieu l’a combiné pour le bien. »

« Pourquoi Joseph a-t-il dû souffrir ? Afin que s’accomplisse ce qui arrive aujourd’hui, qu’un peuple nombreux soit sauvé. »

Mais que faire lorsque l’on a besoin de parler avec une personne en deuil ? Que faire lorsque l’on est confronté à notre histoire ? Les pogroms ? La Shoah ?

Aujourd’hui je n’ai pas voulu discuter ou trouver les réponses mais plutôt poser les questions. Les réponses sont dangereuses car elles sont souvent relatives à un lieu et une heure spécifique. La réponse de Joseph était la réponse parfaite – pour ce moment là. En effet les réponses de nos textes et notre histoire ne peuvent être que le début de notre recherche quand nous avons une question. Et en est le parfait exemple. Ainsi, quand nous parlons avec des personnes en deuil, nous disons selon la tradition achkenasi « Hamakom yinahem ethem b'toh sha'ar availay Tzion v'Yeruchalayim » -- « Que l’Eternel vous réconforte avec toutes les personnes en deuil de Zion et Jerusalem » et dans la tradition sephardi on dit « tenachamu min hachamayim » -- « Puissiez-vous être consolé par le ciel. » J’ai appris d’un maître qu'en présence d'une personne en deuil, il y a seulement deux choses qui sont importantes : il faut être là et il faut rester silencieux jusqu’à ce que cette personne vous adresse la parole. Ce n’est pas facile et telle n’est pas notre tendance naturelle, mais c’est la sagesse de notre Tradition.

Ne tombons pas dans l'illusion que toute question a une réponse simple. Pourtant notre Tradition peut laisser penser cela. Quand on demande « Quand le Chabat commence-t-il… comment manger kocher… quelle sorte de travail est interdit le Chabat… pourquoi doit-on prier… » – je peux presque toujours trouver une réponse—. C’est le travail du rabbin. Mais la chose la plus difficile est de comprendre les idées qui génèrent les questions et fondent les réponses. Lorsqu’on se contente d'écouter une question sans se demander le pourquoi de cette question et lorsqu'on donne une réponse hâtive et conventionnelle, nous perdons quelque chose . . . de juif. Le Talmud entier est une série d'histoires, de questions, de discussions et de débats. Elle indique des réponses mais souvent la loi n'est pas formulée de façon claire.

La modalité la plus juive est-elle toujours d’avoir une réponse définitive ou n'est-ce pas le débat, la discussion . . . parfois le silence ?

Une dernière pensée pour conclure ces réflexions :

J’ai regardé avec horreur ces semaines passées les évènements en Israël à Beit Shemesh. Depuis plusieurs années à Beit Shemesh, une ségrégation existe entre les hommes et les femmes—ségrégation non seulement dans les synagogues mais aussi sur certains trottoirs de la ville. Les juives ultra-ultra-orthodoxes ont dit au juives orthodoxes et national-religieuses qu'elles ne sont pas juives, et qu’il est juste et normal que, lorsque les jeunes filles – même celles qui ont huit ans – ne sont pas habillés assez modestement des rabbins les réprimandent et les harcèlent.

Il faut discuter la signification de ces évènements – la signification qu'ils ont pour nous et pour Israël. L'ironie est que, lorsque des Juifs disent aux autres Juifs qu'ils ne sont pas Juifs, on conclut que les Juifs libéraux ne sont pas les seules victimes de cette dénégation. Et je pense qu’il y a une relation évidente avec notre sujet aujourd’hui. Lorsqu’on commence à dire « il y a seulement une réponse, une possibilité, une interprétation » les évènements de Beit Shemesh sont finalement inévitables.

C’était parce que l'interprétation et la discussion ont toujours existé dans notre Tradition que nous sommes ici aujourd’hui–hommes et femmes ensemble. C’est grâce à l'évolution rendue parfois difficile de notre Tradition que j’ai pu travailler avec une bat mitsvah. C'est grâce au processus de réforme qu’elle a pu poser des questions et parler avec moi exprimant sa préoccupation devant le fait que les justes souffrent » et, grâce à nos discussions, avancer dans une meilleure compréhension de ce que propose notre Tradition.

Chabat Chalom.